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Le souffle du vent sur les cordes d'un violon désaccordé
Le souffle du vent sur les cordes d'un violon désaccordé
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14 février 2008

Dis, pourquoi...

            Pourquoi tu veux mourir ?

            Je reviens d’une petite promenade en ville. Il fait beau, soleil et ciel bleu resplendissent, la chaleur nous enveloppe quand nous sortons. Cela me donne envie de rire, de chanter, de courir dehors, d’être heureuse, de vivre tout simplement. Mais…

            Oui, il y a un mais, si cela s’arrêtait là, tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Je n’aurais pas à me plaindre. Je me sentirais bien.

            Mais ce nœud me noud toujours l’estomac ; mais je me sens toujours à deux pas de m’effondrer en larmes.

            Tous mes idéaux et illusions se sont effondrés les uns après les autres. Tout espoir s’est envolé. Je ne peux plus rien attendre de l’avenir qu’un néant noir et vide.

            J’ai toujours eu l’idéal de l’amour et de l’amitié. Mais je sais que ni l’un ni l’autre ne sont pour moi ; ils me seront toujours refusés. Lorsque j’était gosse, j’aimais la solitude, m’y complaisais avec volupté. Je me sentais différente, donc supérieure, sentiment prétentieux et minable ; je me cachais dans les coins désertés des collège et lycée pour y rêver et y lire sans être dérangée. C’était ma fierté. Aujourd'hui, je voudrais retrouver cette fierté de la solitude que j’avais. J’aime toujours autant être seule, cela n’a pas changé. Mais une solitude qui choisirait quelques amis intimes, très peu car de vrais amis. J’ai une religion de l’amour, un idéal par trop élevé de ces deux sentiments. Mais deux idéaux dont je ne suis pas digne. J’ai sans cesse été déçue par des gens qu’abusivement je qualifiais d’amis, abandonnée par eux, sans explication, s’éloignant de moi peu à peu en me promettant parfois de continuer à m’écrire mais sans rien en faire jamais. Et cet amour pour un garçon qui se fiche aussi éperdument de moi que je l’aime. Lui qui me disait que même si nous n’étions plus amants, nous serions toujours amis, qu’il ne me laissera jamais tomber, qu’il tenait à moi, m’assurant de sa tendresse. Que reste-t-il de ces promesses ? Lui aussi est parti, me laissant seule, ne pensant plus à moi, se fichant de moi. Trahissant une confiance que je pourrais plus donner ; et de toute façon, qui la voudrait ?! Certes, je ne rejette pas la faute sur eux ; je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je sais qu’il est impossible que l’on s’attache à moi, qu’on m’aime, que ce soit par amitié ou amour, encore plus inimaginable. Ce serait folie que de croire l’inverse.

            Alors, une vie dans une infinie solitude, sans personne sur qui compter, sans personne à qui pouvoir parler sincèrement, sans épaule sur laquelle se reposer, sans main pour essuyer d’amères larmes ? Non.

            Mais s’il n’y avait que cela. Je ne suis capable de rien, nulle et médiocre en tout. Jusqu’à présent, j’ai pu me laisser voguer sur les vagues de la vie, passant les creux. Mais aujourd'hui, il me faudrait grandir, devenir adulte, prendre mes responsabilités, et je ne peux pas. Je suis trop faible, et trop lâche, et je ne sais rien faire. Professionnellement parlant (et rien que ce mot, profession, me révulse), il n’y a rien, aucune voie où je pourrais m’engager. Je suis en quatrième année de fac, et quand on me demande ce que j’envisage l’année prochaine, je réponds que je ne sais pas, ou je me mens pour éviter les regards et remarque presque méprisants, ou se voulant rassurant. Soit les éventualités futures me dégoûtent ; soit quand quelque chose me plait, je sais que je n’en ai pas les capacités, pas les moyens. Et pourtant je ne peux continuer à être à la charge de mes parents, je n’ai pas de rente pour me laisser vivre. J'aimerais quitter le domicile familial, emménager seule quelque part, être autonome, me débrouiller sans me soucier de personne, être libre, organiser mes journées à mon gré. Mais cette autonomie, je ne serais pas capable de l'assumer; un rien suffit à m'assomer, à me terrasser, à mettre à genoux devant l'extérieur. 

            Alors, à moins de finir SDF, quelle autre solution que la fuite dans la mort ? 

            Mais il y a aussi tous ces éléments qui s’amalgament entre eux pour former un marasme qui m’étouffe et me meurtrit. Le sentiment d’être juste inutile, alors pourquoi vivre puisque je ne sers à rien, d’être un peu trop conne, de ne rien savoir ni pouvoir faire, le sentiment de ne pas avancer, de stagner là où je suis, le sentiment de n’accumuler qu’erreurs sur erreurs ; le mépris de moi, le refus de ce monde, cette société qui m’écoeure, ces contraintes que je veux refuser, et comment les refuser autrement que par cette issue de secours lorsqu’on est trop faible pour construire autre chose ; la seule autre fuite que je connaisse est le refuge des rêves que j’échafaude, recueils d’illusions de tout genre, mon pays imaginaire, mais je ne peux vivre continuellement dans le rêve, il me faudrait un jour ou l’autre assumer ces responsabilités de vie d’adulte que je refuse. Alors…

            Alors, certes tant de choses que je voudrais faire… tant d’endroits où je voudrais aller…. tant de livres que je voudrais lire,  ne serait-ce que dans ma bibliothèque où attendent des dizaines de livres que j’achète, passionnée par la lecture et par de nombreux genres et styles, mais sans avoir le temps de tout lire… tant de choses à découvrir, étant si curieuse de tout apprendre… tant de choses auxquelles rire et m’enthousiasmer…

            Mais devant la réalité, j’ai abandonné tous ces projets que je pouvais avoir.

            Mais cette douleur, ce serrement qui m’étreint, cette crainte, cette lassitude, cette nausée, ces larmes, ce malaise tout entier qui ne me quittent plus… Personne pour mes effacer. Personne à qui pouvoir en parler. Personne à qui faire confiance. Personne à qui demander aide et conseil. Je ne puis compter que sur moi-même ; c’est s’appuyer sur un écran de fumée. Seule, enfermée dans mes pensées et préjugés sans un avis extérieur qui peut-être éclairerait cette obscurité qui enveloppe toute entière ma vision de l’avenir.

            Livrée à moi-même, garrottée, étranglée, asphyxiée par les multiples fils d’araigne de mes contradictions, enfermée dans plusieurs cercles vicieux dont je ne peux m’enfuir, et dont personne ne viendra me tirer.

   

            Parce que, tout simplement, je suis incapable de vivre.

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